13/06/2012

Jean-Michel Jarre face aux lecteurs de La République, notre reportage vidéo !


 
 
Par Éric Bély / Vidéo : rédaction Internet
Publié le 23/10/2010 à 04h00
Mise à jour : 24/10/2010 à 15h51


Photo générale à l'issue de la rencontre, nos lecteurs entourent l'artiste (Photo AT)

Souriant, abordable, disponible : Jean-Michel Jarre (à gauche) n'a pas déçu nos lecteurs et il a répondu avec franchise à toutes leurs questions. © Ascencion Torrent
Le président du directoire de notre journal, Jean-Pierre Cassagne, a accueilli Jean-Michel Jarre dans nos locaux en lui offrant un parapluie de berger. © A.T.

Il est un des seuls artistes à agir de la sorte. Jean-Michel Jarre aime faire des repérages dans la ville où il va se produire. Pour Pau, ce sera le 11 décembre au Zénith. Il est venu vendredi prendre le pouls du lieu. Il s'est aussi rendu, vêtu d'un pantalon aux motifs écossais, dans les locaux de notre journal afin de rencontrer huit de nos lecteurs.
Disponible, souriant et abordable, il n'a esquivé aucune question. Pourtant, c'est un des pionniers de la musique électronique. Il a vendu plus de 80 millions d'albums dans le monde, il est l'auteur d'oeuvres mythiques comme « Oxygène », « Équinoxe », « Rendez-vous » ou « Zoo-Look », et il a réalisé des concerts gigantesques qui sont entrés dans la légende (Houston, Pékin, les Pyramides d'Égypte).
Il s'est livré hier à un dialogue consistant sur la place de la musique en France, l'écologie, ou sa conception du rôle de l'artiste. Au détour de ses réponses, il s'est aussi confié sur sa mère récemment décédée ou son père, Maurice Jarre, l'illustre compositeur de musiques de films, qu'il n'a que peu côtoyé. Un échange riche et un moment rare. Une vraie rencontre quoi.

                

Hervé : on connaît tous votre passé et vos concerts gigantesques, comment se fait-il qu'on ait la chance de vous voir, en France, qui plus est en province, à Pau ?

Cette tournée, c'est un rêve que j'avais depuis longtemps. Celui de donner des concerts dans des espaces plus contrôlés pour faire des choses que je ne pouvais pas faire en extérieur et pour pouvoir partager avec le public une immersion encore plus totale dans la musique. Et venir dans cette région était pour moi une priorité. Parce que je ne l'avais jamais fait. Et parce que j'ai perdu ma maman cette année. Elle habitait dans les Pyrénées. En plus ce concert à Pau, sera le dernier de l'année.

Jérôme : à quoi peut-on s'attendre le 11 décembre ? Essayez-vous encore de découvrir de nouvelles choses ?

Il y a toujours des choses à découvrir. Même si la vitesse technologique d'aujourd'hui peut nous donner l'impression que tout a été fait. Ce qui est important, c'est la façon dont l'artiste voit les choses. Celui qui commence doit faire son chemin sans essayer de suivre une mode. Quand on est à la mode, au fond, c'est que l'on est déjà en retard puisque l'on suit un courant. Pour moi, un artiste c'est quelqu'un qui est obsédé par quelque chose et essaie de le dire tout au long de sa vie en conservant intacte sa part d'innocence et de désir.

Yohan : que pensez-vous du son que l'on entend aujourd'hui sur les dance floor ?

Il y a un travail fait par les dj's sur le son, comme Vitalic que j'ai rencontré et qui a remixé un de mes premiers morceaux, qui est pour moi jubilatoire. Maintenant, il ne faut pas croire que la musique électronique se limite aux dance floor. Il y a aussi Sébastien Tellier, Moby, Air...

Yohan : j'aimerai vous entendre sur ce registre-là...

Cela viendra peut-être dans les prochaines années.

Alexandra : avez-vous le sentiment d'être encore à la mode ?

Je n'ai jamais été à la mode. Alors je n'ai pas de paranoïa par rapport à ça. Au début « Oxygène » était refusé par toutes les maisons de disque. C'est d'ailleurs encourageant pour ceux qui débutent aujourd'hui. Le propre d'un artiste, encore plus aujourd'hui avec internet, c'est de ne pas se soucier de la mode du moment.

Philippe : la musique en général, et la musique instrumentale en particulier, n'est-elle pas le parent pauvre de la culture en France ?

C'est pour cela que j'ai accepté d'être ambassadeur du prochain salon de la musique. Aucun ministre ne sera présent. C'est la preuve que nous sommes à la traîne. Le salon du livre est considéré comme noble. Pas celui de la musique. Je discutais avec un homme politique de la région que je ne citerai pas mais qui était ministre de l'Éducation nationale, et je lui disais qu'il y avait plein de choses à réaliser pour que la musique soit enseignée au même titre que l'anglais, la géographie. Il m'a répondu « C'est très intéressant. Envoyez un fax ». Il y a un décalage énorme entre les pouvoirs publics et le fait que la musique fait partie de notre vie à tous, de notre survie même.

Sabine : de quoi êtes-vous le plus fier ?

De mes enfants. Je le dis parce que j'ai eu un père qui ne disait pas ce genre de choses. Pour le reste, je ne suis fier de rien, mais heureux d'être devant vous, d'avoir un public qui vous renvoie affection et amour. La fierté, je la garde pour plus tard si j'arrive à faire ce que je veux faire. Il y a tellement de choses que j'ai envie d'améliorer !

Jérôme : votre père était musicien. Son oeuvre vous a-t-elle influencé ?

Mon père est parti quand j'avais 5 ans. Je n'ai pas eu de relation normale avec lui. Et je ne me suis pas construit musicalement sous son ombrelle.

Solange : à quel endroit, sur la planète ou ailleurs, aimeriez-vous vous produire ?

Je n'ai jamais fait de concert en Inde, alors j'aimerais bien y aller. Sinon, je n'ai pas de rêve particulier. Cette tournée est un rêve. J'avais envie de rendre la pareille à ceux qui ont fait par le passé des centaines, voire des milliers de km pour me voir.

Jacques : on a l'impression que l'écologie fait partie depuis le début de vos sources d'inspiration...

Elle fait partie de ma vie depuis « Oxygène ». Je suis ambassadeur à l'Unesco depuis une quinzaine d'années sur ce thème. Aujourd'hui, heureusement, il y a une prise de conscience. Mais je ne suis pas très à l'aise avec certains de mes collègues, anglo-saxons surtout, qui transforment la scène en une tribune de donneur de leçons. Ce n'est pas notre rôle. Notre rôle, c'est de faire passer des choses sur le plan de l'émotion. Je suis agacé par les écolo-busisnessmen de la dernière heure aux discours anxiogènes et culpabilisants. On a passé l'an 2000 comme si en chemin on avait perdu cet appétit de futur. On est en début de siècle et on a l'impression que nous sommes déjà essoufflés. Il est temps de restaurer une vision affectueuse de la planète. Et de ne pas se considérer uniquement comme la cause de son cancer. Surtout en cette période de crise qui est économique, mais aussi morale et psychologique.

>> NOS LECTEURS ONT LA PAROLE : Comment l'avez-vous trouvé ?
Yohan Vallade, 32 ans, fonctionnaire, Orthez.

« Il est très gentil, très avenant et très abordable. On avait l'impression de discuter avec quelqu'un que l'on connaissait depuis longtemps. Il semble aussi très sensible à tout ce qui se passe autour de lui, le développement durable, l'éducation musicale, la scène électronique actuelle... »

Jacques Canet, 49 ans, programmateur de concerts, Orthez.

« Je l'ai trouvé sincère, entier et étonnamment jeune dans sa manière de répondre à nos questions étant donné tout ce qu'il a vécu. Il pourrait se reposer sur ses lauriers. Ce n'est pas le cas. on le sent encore très passionné par ce qu'il fait et très engagé sur l'écologie, l'éducation... C'est un vrai militant ».

Jérôme Dupuy, 30 ans, employé en grande surface, Oloron.

« Il est très sympa, agréable et disponible. je l'ai trouvé ouvert sur sa conception de la musique et surtout défenseur de la place de la musique en France. Il veut qu'elle devienne une vraie culture. Et qu'à travers ses concerts, les gens prennent conscience de leur environnement. ce sera un bon souvenir ».

Solange Bengoechea, 41 ans, chef de projet Serres-Castet.

« On le sent concerné par les problèmes de l'humanité. Et cela m'a plu. À travers son art, il essaie de sensibiliser les gens pour faire de cette planète quelque chose de bien. Mais en tenant des propos toujours positifs. Il n'est pas dans la culpabilité. Ce n'était pas de la promo, mais une vraie rencontre ».

Sabine Laclau, 38 ans, fonctionnaire, Lasseubetat.

« Je l'ai trouvé particulièrement charmant et super-abordable. Il a répondu de façon simple et spontanée à toutes nos questions. À la télévision, on a une vision réductrice. J'espérais qu'il serait sympathique, mais je ne m'attendais vraiment pas à un tel échange. C'est un beau personnage ».


Alexandra Raynal, 31 ans, employée dans la restauration, Billère.

« C'est quelqu'un de naturel et de très ouvert. On avait l'impression de prendre un café avec un copain et de pouvoir parler de tout. C'est vraiment bien de pouvoir dialoguer avec ce type d'artiste. Et comme en plus, c'est mon anniversaire, je crois que je m'en souviendrai longtemps. »

Hervé Latrubesse, 42 ans, agent EDF, Biron.

« Pour moi, c'est un mythe. Si on m'avait dit que je pourrai discuter avec Jean-Michel Jarre, je ne l'aurais pas cru. C'est un rêve d'enfant que je viens de réaliser. Je ne me rends pas compte encore. Il est simple, abordable, passionné. C'est un moment fabuleux que je viens de vivre et que je n'oublierai jamais ».

Philippe Ferrié, 45 ans, musicien, Pau.

« J'ai beaucoup apprécié. Je me suis aperçu que nous avions le même cheval de bataille par rapport à la défense de la musique instrumentale. C'est intéressant de constater que des gens qui ont « réussi » peuvent rester conscients de tout cela. Il est accessible et intelligent. Il ressemble à sa musique. »


Source: larepubliquedespyrenees.fr





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